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Le Tisseur du Temps, roman picard de Paul Vimereu
L'Art de vivre du Rédeux de la Cornaillerie (Prix des Amitiés Foréziennes, 1931)

Ci-contre : Couverture de l'édition Originale de 1931
Le roman comprend cinq parties : Le Grand Électeur, La Cornaillerie, Le Caufourier (1), Le Moulin enseveli, Le Corrupteur et le Maître du temps.
On y retrouve l'humble Mistho de la Réderie, au retour du service et de la guerre, dépouillé du moulin de son grand-père : la Cornaillerie. Malgré sa mission imprévue de grand électeur, il se confrontera à Chofaud, en pleine période électorale, bien décidé à faire aboutir ses projets par tous les moyens! Pour survivre, « le Rédeux de la Cornaillerie » devra exploiter les ressources de la nature qui l'apaiseront plus d'une fois. Mais le héros est un fin limier et il percera peu à peu les secrets de son environnement. Avec sa volonté farouche d'être libre, il part à la reconquête du moulin, en écoutant « brasser la mer jusque dans ses ailes » et en espérant trouver la femme qui saura le comprendre.
L'analyse des situations est finement décrite, avec humour, voire facétie, ou causticité suivant le contexte. Les imprévus et les mystères sont entretenus jusqu'à la fin du roman. Les mots et expressions du terroir fusent et rebondissent comme des perles. La poésie, les descriptions raffinées de la nature sont un régal.
La reconquête du moulin symbolisera la revanche de l'indépendance sur les basses intrigues, la complicité avec les éléments naturels : un art de vivre, l'espérance de l'amour : un gage d'équilibre, la primauté des vraies valeurs et de l'environnement sur l'économie: un repère à ne pas oublier. Un cœur libre maîtrisait enfin le temps
.
« L'opposition entre les mesquineries sociales et les aspirations de l'homme à la solitude atteint parfois dans ce livre la force d'un procédé littéraire, mais ne manque pas de beauté » (2).
« Le récit est un composé magique de poésie descriptive et d'observation, une étude de mœurs politiques et sociales et de paysannerie. Le drame et la comédie, la féérie et la force y alternent dans un mouvement de flux et de reflux. Nous n'avons rien eu de pareil, en un tel genre, depuis La Brière, le chef-d'œuvre de M. Alphonse de Châteaubriant » (3). Ce roman, 3ème et dernier roman picard de Paul Vimereu, a obtenu le Prix des Amitiés Foréziennes en 1931.
Ce roman où l'auteur recherche les causes des malaises de la société, est considéré comme « un véritable testament littéraire et politique de Paul Vimereu, qui, avec une surprenante lucidité, y prévoit la faillite inéluctable d'un système social impuissant à discipliner les inventions du progrès pour les mettre réellement au service des hommes, de tous les hommes » (4).
Ne peut-on s'empêcher de penser que les prémonitions de ce livre allaient être confortées et accentuées dans le film de Charlie Chaplin « Les Temps Modernes » qui allait sortir en 1935 ?

(1) caufourier : chaufournier, ouvrier qui travaille dans un four à chaux, selon Gaston VASSEUR, Termes dialectaux dans les romans picards de Paul Vimereu, Revue de linguistique picarde, mars 1973
(2) GWYNPLAINE, Le Salut, Journal de Saint-Malo, Décembre 1931
(3) Jean TENANT, Rédacteur en Chef de la Société littéraire « Les Amitiés Foréziennes », Le Mémorial de St-Etienne, 22 octobre 1931
(4) Gaston VASSEUR Illustrations picardes, C.R.D.P. d'Amiens, 1966