Vous êtes ici : Accueil > Œuvres posthumes > La Grande Tournière
La Grande Tournière

Ci-contre : Edition de 1977, Couverture illustrée par le peintre Roger Noyon
Ce roman préfacé par René Debrie, dont le sous-titre est « Roman inédit de l'an 40 (ou 1940) », se déroule sur le sol picard, dans un espace réduit, non loin des falaises d'Ault. Au cours des trois parties : L'Obussée, La Bambine et Georgina, nous assistons aux aventures pour le moins insolites de Godefroy Mansion, picard de souche et laboureur, confronté en mai 1940, à l'occupation allemande. Alors qu'il passe la charrue dans le champ de la Grande Tournière, un obus disperse son attelage, y creuse un vaste entonnoir, tandis que sa ferme est dévastée Comment se remettre d'un pareil effondrement ? Il faudra pourtant chercher refuge là, dans ce petit coin de terre, où évoluent au milieu des occupants, des villageois et des notables, dont certains, franchement usurpateurs; le temps de retrouver l'essentiel qui donne un sens à la vie. Heureusement, la nature toujours souveraine a des ressources parfois imprévues et malgré des intrigues mystérieuses, Godefroy et Georgina pourront un jour connaître la vérité et se construire un avenir.
« Si, en lisant ce roman, on est, comme je le suis, sensible à l'empreinte du sol dont les mots dialectaux qui émaillent le style, sont seuls capables de traduire la force attractive, on n'en demeure pas moins perplexe devant le symbole, qu'on perçoit confusément sans pouvoir vraiment le décrypter »
« Le romancier sait mieux s'interroger sur le mystère des êtres et des choses qu'il n'est en mesure de donner une réponse ou même d'en recevoir une. Ce roman énigmatique emporte cependant l'adhésion grâce à la beauté de son style et parce qu'on sent à tout moment l'âme du poète qui se complaît davantage dans le doute et l'interrogation que dans le banal et le facile » (1).
« Le titre est bon et reflète bien ce que j'ai trouvé dans le roman : un appel à la rêverie À mes yeux, la guerre ne représente qu'un aspect très secondaire, voire négligeable Pour moi, l'essentiel est ailleurs Pour satisfaire un immense désir de calme et de paix, il faut au personnage une grotte, une hutte, un abri, bref un refuge qui le protège du monde de tout un chacun, grâce à un cercle magique que nul n'a le droit de franchir Ce trou n'est pas un trou de lièvre, d'animal qui fuit et qui a peur. Ce sentiment est inconnu dans le roman et Godefroy accepte la lutte et va au devant : il provoque la nature et stupéfie les sensés paysans du Vimeu. Ce trou est un atelier qui certes protège le repos et les amours du héros mais qui est un centre de création : de rêve et d'outils, car ici tout est étroitement imbriqué. Godefroy rêve beaucoup et abat un travail considérable. Ce thème de la grotte m'apparaît fondamental : c'est plus qu'une maison, c'est un être avec lequel on communie, dans lequel on se sent enfin soi-même À lui seul, ce trou est un univers concentré et riche » (2).

(1) René DEBRIE, Président Fondateur d'Eklitra, Association culturelle picarde, Amiens, préface de La Grande Tournière
(2) Yves REULIER, Docteur ès lettres, Lettre du 5 juillet 1976 à Philippe BOULONGNE